ASSEMBLÉE. Religious in Europe Against Trafficking and Exploitation

ASSEMBLÉE. Religious in Europe Against Trafficking and Exploitation

Du 13 au 19 novembre, nous nous sommes réunis à Fatima avec 105 personnes de 31 pays pour
l'Assemblée générale de RENATE (Religious in Europe Networking Against Trafficking and Exploitation) afin
de discuter de la question de la traite des êtres humains.
Pendant une semaine, nous avons écouté des présentations, partagé nos expériences professionnelles et
fait le point sur les six dernières années de travail de RENATE.
Le thème de l'Assemblée était :

“Concrétisant le rêve d´un monde libéré de l´esclavage.

Marcher ensemble vers 2030″

Un rêve peut-être un peu ambitieux, mais pas impossible à réaliser. Nous pouvons nous sentir et être
petits, petites mais le véritable changement vient de la vie “cachée” et dévouée de chacun et chacune
d´entre nous. En fait, je pense que l´important est de faire de petits pas vers l´objectif avec espoir et en
s´unissant pour travailler en réseau.
Chaque journée commençait par un temps de prière qui nous faisait prendre conscience du pour qui nous
étions là, et de ce qui nous attendait pour la journée.
Le premier jour, nous avons eu un panel sur la situation de la traite au Portugal, qui nous a alertés
sur le fait que la traite des êtres humains est un phénomène caméléon en mutation permanente
et, par conséquent, très difficile à combattre. Les victimes tombent dans ces réseaux et
deviennent invisibles. C´est pourquoi il est important d´être vigilant pour identifier les signes
révélateurs de situations de traite qui passent souvent inaperçus.
Comme l´a dit le pape François, “la traite des êtres humains est une blessure ouverte sur le visage
de l´humanité”.
Les gouvernements de chaque pays ont la responsabilité première de s´attaquer à cette plaie,
toujours avec la collaboration de la société civile.
Au Portugal, nous avons principalement un trafic à des fins d´exploitation du travail dans des
régions comme l´Alentejo. La plupart des victimes sont des hommes originaires de Roumanie,
d´Afrique (pays Palopos), du Pakistan, du Timor, du Brésil et du Venezuela. Dernièrement, de
nombreuses femmes et enfants sont également arrivés.
Dans l´après-midi, nous avons écouté le professeur Anna Roper Rowlands, de l´université de
Durham en Angleterre, qui nous a présenté une réflexion théologique sur la traite des êtres
humains, en prenant le thème de la dignité humaine, qui est totalement violée lorsqu´il s´agit de la
traite des êtres humains.
Après chaque intervention, nous nous sommes réunis en groupes pour faire écho à ce que nous
avions entendu.

Le deuxième jour, nous avons écouté Helena Maleno qui nous a parlé de la situation complexe en
Espagne, où de nombreux migrants tentent d´entrer en Europe, et où il semble que les politiques
de contrôle des migrations s´allient aux réseaux de trafiquants…

Chaque journée s´est terminée par une brève réflexion théologique qui nous a permis de faire un
résumer de la journée.
Le troisième jour, nous avons été alertés sur la question économique liée au trafic. Notre attention
est généralement tournée vers les victimes. Nous pensons que la cause de la traite est la pauvreté
et la vulnérabilité. Mais, en fait, le trafic est une question d´argent. Les gens sont exploités parce
qu´il y a quelqu´un qui les exploite. La véritable cause de la traite est économique. C´est l´un des
trois commerces les plus rentables avec la drogue et les armes… Le nombre de victimes s´élève à
plus de deux millions de personnes par an. ….
Nous parlons d´une activité très lucrative avec peu de risques. La complexité de ce crime rend
difficile l´obtention de résultats efficaces tant en termes d´intervention que de protection des
victimes.
Après quelques jours de travail intense, nous avons fait une pause et fait une excursion culturelle
d´une journée à Lisbonne. Nous avons visité certaines institutions qui travaillent directement sur
la question de la migration et de la traite des êtres humains – JRS, CAOMIO et NINHO. Nous avons
ensuite eu du temps libre pour nous promener et apprendre à connaître un peu Lisbonne et la
journée s´est terminée au Collège St Joseph des Sœurs Dominicaines de St Catherine de Sena, où
nous avons été accueillis avec des châtaignes, du vin de Porto et des “Pasteis de nata”. Ensuite,
nous avons eu une soirée culturelle avec des fados et d´autres spectacles préparés par certains des
élèves de l´école.
Le dernier jour, en essayant de tirer des conclusions de tout ce que nous avions entendu et
travaillé, nous nous sommes demandé quelles mesures prendre pour 2030.
Nous avons insisté sur les quatre “P” : Prévention ; Poursuite ; Protection ; Collaboration
(partenariat).

Elles ont ensuite émergé comme des priorités concrètes pour RENATE :

  • – Le thème de l´identité – Nous sommes nombreux et venons de réalités très différentes, d´où la
    nécessité d´être clair sur qui nous sommes, ce que nous recherchons et où nous voulons aller.

  • La nécessité de se concentrer sur la sensibilisation à ce sujet, qui est encore largement inconnu
    et ignoré par la majorité des gens.

  • La nécessité de se concentrer sur la mise en réseau. Seuls, nous n´irons pas très loin dans un
    sujet aussi complexe ; mais ensemble et en réseau, il est possible de prendre des mesures pour
    progresser vers 2030.
    Ce fut une semaine intense qui m´a mis au défi et m´a laissé avec de nombreuses questions. Mais
    en même temps, le fait de voir un groupe aussi important et hétérogène chercher des solutions
    ensemble et travailler vers un même objectif m´a rempli d´espoir.

Je termine par un appel à chacun d´entre nous à ne pas ignorer cette question ; que nous nous
sentions tous responsables et, à partir de la réalité dans laquelle nous nous trouvons, nous nous
engagions dans cette cause en nous informant, nous sensibilisant, en tissant des réseaux ……

Maria Manoel, ACI